L'art du malentendu
Jamais avant de connaître mon collègue et ami L. je n'avais eu autant de difficultés à comprendre et à me faire comprendre de quelqu'un.
Avec lui, bien que je l'aime beaucoup, je cultive l'art du malentendu comme personne, et c'est très pénible.
Combien de fois nous sommes-nous "disputés" parce-que nous ne nous sommes pas bien fait comprendre.
Nous n'allons jamais bien loin dans nos disputes mais cela ne manque jamais de m'agacer prodigieusement.
Par exemple, en ce moment, il vit des galères financières. Journaliste comme moi, il répugne à réclamer les piges qui lui sont dûes parce-qu'il a, je cite, "un rapport différent avec l'argent" du fait de sa culture (il est Africain).
Du coup, invité par Cybione pour son anniversaire, il ne pourra s'y rendre car il n'a pas les moyens de se payer une chambre d'hôtel (je lui ai proposé de dormir chez nous mais mon mari a trouvé une excuse pour ne pas l'accueillir : nous allons dormir sur place, chez Cybione pour ne pas rouler bourrés. A présent, Cybione, tu es informée ). Pourtant, mon mari aime bien L. mais pas assez pour l'accueillir chez nous
Pour ne pas contrarier mon mari, je n'ai bien entendu pas insisté et puis après tout, ça n'est pas moi qui invite. Si Cybione tient absolument à ce que L. vienne, à elle de le convaincre, voire de l'héberger. Mais de cela, je ne suis pas certaine.
Je ne veux pas me mettre la rate au court bouillon pour L. Pourtant, je ne peux pas rester indifférente à sa souffrance, qu'il vit dans la dignité. Trop, peut-être. Il prend ce qu'on lui donne mais ne demande jamais rien. Son attitude à la fois m'émeut et m'exaspère. Tout à l'image du personnage d'ailleurs. Emouvant et exaspérant.