Mal aux cheveux

Publié le par Domamido

Jeudi 19 juillet, premières chutes de cheveux. Sans m’en rendre compte immédiatement. Je prends ma douche, me lave puis m’essuie les cheveux. La serviette en est remplie, j’y passe les doigts, une pleine poignée y reste collée, mes épaules en sont jonchées. Le choc. Comme ça, du jour au lendemain. Samedi 22 juillet, mon mari et moi nous rendons à Poitiers, dans une boutique spécialisée en prothèses capillaires et mammaires. Ambiance feutrée, intime. Petits salons privés pour préserver l’intimité. Une intimité que je ne comprends pas, les clientes de cette boutique ne sont-elles pas logées à la même enseigne ? Le cancer est-il une maladie honteuse ? D’ailleurs, existe-t-il des maladies honteuses ? Seules les IST pourraient, à la rigueur, en être, mais les IST ne se voient pas à l’œil nu alors que le cancer, si. De la chute des cheveux et des sourcils à la mastectomie en passant par un visage où peut se refléter la peur, la fatigue. En effet, le cancer peut se voir. Et c’est là que je comprends la pudeur des femmes malades du cancer. Ne pas voir se poser les regards empreints de crainte mêlée de pitié des personnes bien portantes. Et même le regard de compagnes d’infortune peut s’avérer gênant, alors qu’au Pôle Régional de Cancérologie, il n’est pas rare de voir des femmes déambuler tête nue. Peut-être que ce phénomène vient du fait que, sorties de la boutique, nous nous retrouvons au milieu de la population, alors qu’à l’hôpital, nous sommes entourées de personnes malades, comme nous.

Choix d’une prothèse capillaire, donc. Même couleur que ma couleur naturelle, coupe tendance. J’ai presque hâte d’avoir perdu tous mes cheveux pour la porter, à présent. Dans la foulée, j’achète une base traitante pour les ongles, qui risquent de se fragiliser, comme les cheveux, suite au traitement, ainsi qu’un produit nettoyant. Je n’avais pas encore mal aux cheveux alors… Une drôle d’impression là encore. La chute des cheveux s’accentue. D’heure en heure, je dirais. Et une douleur au cuir chevelu, comme si on m’avait tiré les cheveux. Le soir, je me les brosse vigoureusement et les oins d’huile de rose musquée tout en me massant le cuir chevelu, qui m’en est reconnaissant. Par contre, mes cheveux se font la belle, collés à mes doigts. Beurk ! Un dernier coup de brosse, coiffage en arrière, et ça me donne une idée plus précise de mon aspect, une fois que je serai définitivement privée de cheveux.

A la veille de ma seconde séance de chimio, j’entreprends un grand nettoyage : brossage énergique suivi d’un shampoing doux, mal m’en a pris ! Mes cheveux sont certes partis mais par plaques, ils ont quand même la bonne idée de se regrouper autour du siphon, de sorte que je peux les enlever sans difficulté et les entreposer quelque part – c’est-à-dire sur la tablette de douche, à côté du shampooing, ironie du sort - le temps de terminer mes ablutions. Sortie de douche, bon sang, il fait froid à la tête ! Essuyage, la serviette est à mettre au linge sale, re-brossage, histoire d’équilibrer un peu tout ça ! Je me retrouve avec mes cheveux les plus clairs sur le devant, je n’insiste pas davantage. J’ai surtout peur de choquer ma famille, mais ça va, il m’a fallu le faire remarquer à ma fille ce matin pour qu’elle voie du changement.

Publié dans Danse avec le crabe

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